Yvain-Lionel entra dans la chapelle avec, à sa suite, trois pucelles dont son seigneur lui avait confié la garde. Remarquant la présence d'un chevalier agenouillé devant l'autel, ils s'avancèrent dans l'allée centrale, puis se séparèrent au deuxième rang de bancs. Alors que les demoiselles allèrent faire acte de contrition devant Dieu après avoir un peu trop bu à la taverne, l'écuyer mit genoux à terre du côté opposé afin de trouver le silence dont il avait besoin pour écouter son âme:
"Seigneur Dieu, oh Toi qui as créé le monde et tout ce qui s'y trouve, je Te loue et Te remercie pour tous les bienfaits que Tu m'accordes chaque jour. En particulier, j'ai le coeur plein de joie car le sort de tout un village m'a été confié. Seigneur, merci de m'avoir béni ainsi ! Et sache que si je peux, avec les moyens que Tu as mis à ma disposition, contribuer à répandre Ta Parole, à agrandir Ton royaume, à proclamer Ta toute-puissance sur les terres des mécréants, je le ferai volontiers. Le chevalier que je sers m'a aussi confié ces trois demoiselles que voici devant Toi, Seigneur. Aide-moi à les protéger selon la volonté de mon Seigneur afin qu'elles gardent la pureté naturelle que tu as mise en elles. Et éloigne de moi la tentation de la chair afin que je puisse m'acquitter de ma tâche sans avoir à rougir. Amen.
Yvain-Lionel se leva alors et fut étonné que le chevalier agenouillé devant l'autel avait disparu sans qu'il ne s'aperçoive de son départ. Serin et apaisé, il se dirigea vers la porte de ce lieu de prière, suivi par les pucelles qui avaient de nouveau le sourire aux lèvres.